L’Algérie se qualifie pour la Coupe du Monde. Effusion de joie à Barbes. Ils sont fiers de leur équipe, fiers d'être algériens. Omniprésente ici, l’Algérie souffre pourtant d’une lourde absence de représentations. Une étude sensible, légère et footballistique autour de l’identité, de la mémoire et de la mythologie nationale. Sur les traces du « One, Two, Three Viva », le film retrace un parcours initiatique personnel, mon exploration de la relation franco-algérienne où mon regard porté sur l’Algérie transforme en retour celui que je porte sur la France.
Plus d'info sur le site du film www.onetwothreelefilm.fr et sa page facebook

Ce film est le fruit d’une interrogation personnelle sur mon rapport au football où se mêlent plaisir du jeu convivial et absurdité d’une histoire qui tourne en rond. Marquer un but c’est être reconnu comme faisant partie des vainqueurs, c'est sauver l'honneur. Sentiment démultiplié pendant la Coupe du Monde, cet étrange monde féérique et éphémère, tant attendu pour ses puissantes doses de suspense, d’adrénaline, de rêves. Et donc, de fierté collective puisqu'il s'agit là d'exister aux yeux du monde. Lorsque des milliers de jeunes s’enflamment à Paris pour une partie de foot, qu'ils crient haut et fort leur existence, le ton se durcit à la hauteur du manque quotidien de parole, de visibilité, de reconnaissance. Paradoxalement, en Algérie, les défilés populaires viennent célébrer jusqu’aux défaites sportives des « Fennecs » : l’important est d’avoir été là, le torse bombé, une image positive projetée sur tous les écrans du monde.
Alors que l’hymne « One, two, three, Viva l’Algérie » accompagne le retour de l’équipe algérienne en Coupe du Monde, le film explore le surgissement d'une épopée nationale, d’une communauté émotionnelle, d'une fierté collective. L’aventure des Verts signe le retour du pays sur la scène internationale, le film s’en saisit pour interroger l’Algérie d’aujourd’hui et ses relations complexes et conflictuelles avec la France. Ancienne colonie, l’Algérie est indépendante depuis seulement cinquante ans et à l’origine de la première diaspora en France. Entre ces deux pays se mêlent et se démêlent sans cesse des histoires individuelles et collectives. Aux premières loges des tensions identitaires, qui s’accentuent des deux côtés, la nouvelle génération chante « 1,2,3 Viva l’Algérie » sans savoir qu’il peut s’agir à l’origine du slogan des partisans de l’Indépendance : « Want to be free, Viva l’Algérie ! ». Pays encore largement méconnu, souvent associé à la guerre ou au terrorisme islamiste, c’est une image honorable de l’Algérie qui enfin apparaît au monde à travers les écrans de la Coupe du Monde. L’équipe nationale devient alors le laboratoire d’étude d’un récit collectif, une histoire exemplaire, les épreuves de ses héros, les yeux de l’auditoire. Le film circule entre l’Algérie et la France, le présent et le passé, pour interroger ce besoin de reconnaissance et de représentation, ce terrain de jeu commun dont les règles sont encore à établir.
Le film, coproduit par Synaps Collectif Audiovisuel, La Belle Affaire et Thalas Film, a bénéficié de l’aide de la Région Limousin, de l’Institut Français d’Alger, de l’Université Paris 7, de la ville de Paris ainsi que de la fondation Un monde par Tous. Il est actuellement en post-production.