Au fil des quatre saisons, Clément Bouscarel, jeune paysan-conteur quercynois, se révèle être une truculente charnière entre un monde paysan en voie d’extinction et une modernité qu’il scrute les yeux grands ouverts.

À deux pas de chez Clément Bouscarel, dans ce paysage grandiose des Causses du Quercy, se trouve Uxellodunum, le dernier bastion de la résistance gauloise, assiégé par César en 51 avant notre ère. L’histoire vraie à l’origine du mythe d’Astérix qu’Uderzo et Goscinny ont mis en scène dans un petit village d’Armorique. La bande dessinée parodiait la société française et ses régionalismes, et moi je m’intéresse à un paysan-conteur qui conte en Occitan, dans le petit village de Creysse. Passé la porte d’entrée de sa maison, une phrase écrite à la craie sur une ardoise me saute aux yeux : « Ici on lutte contre l’extinction des contes de fées et de la magie ».
Un peu comme Astérix, avec ses mots en guise de potion magique, Clément lutte pour la préservation du monde paysan, d’un savoir-vivre, d’un mode de vie. Dès notre première rencontre, j’ai senti chez lui ce quelque chose qui cloche, ou qui sonne plutôt. Clément Bouscarel, 33 ans, un corps imposant et accueillant, un béret vissé sur la tête, une langue bien pendue. Quelque chose de mordant dans le regard et toujours le mot pour mettre à l’aise, attentionné. Perdu au milieu du Lot, un étrange mélange d’amour du terroir et de fougue subversive. Deux jours à ses côtés suffisent à percevoir sa résistance contre les « mises en case », d’ailleurs le trait d’union de paysan-conteur le ravit. Ce monde paysan, il le connaît comme sa poche, il y est né et n’a jamais quitté son Quercy natal. C’est un monde qui l’a toujours fasciné, la « beauté périssable d’une civilisation en disparition » comme il s’amuse à me le répéter. C e film est actuellement en cours d'écriture et de pré-production.